Edition de "Soixante ans après"

1977 : soixante ans après, Messidor Bouleau se penche sur l’enfant qu’il a été pendant la Guerre 1914-1918 dans sa ville natale. Fère-en-Tardenois, dès le début du conflit, s’est trouvé au cœur des combats, entre la Marne et le Chemin des Dames. Dans ce récit largement chronologique, la famille apparaît comme le pilier central : elle est nombreuse et de condition modeste ; rapidement tous ses membres sont impliqués dans le conflit, et pas seulement les fils au front. Messidor nous la montre toujours très solidaire malgré la misère, les journées de travail épuisantes, les exodes, le pillage. L’affection de l’enfant pour sa mère et sa grand-mère transparaît, pour ses sœurs aussi ; les emplois qu’elles exercent du fait de la guerre sont précisés. Au fil des pages le jeune Messidor se révèle; il fréquente certes l’école, mais elle l’intéresse d’autant moins qu’elle est désorganisée : les instituteurs changent, les locaux sont dispersés dans la ville. Il raconte les jeux et aventures souvent partagés avec les camarades, leurs initiatives qui parfois tournent mal, les accidents, les sanctions… Curieux, travailleur, débrouillard, sociable, il est toujours prêt à rendre service et à apprendre un nouveau « métier ».  Il observe aussi les mouvements de troupes, le développement de la gare, les transformations de la ville dont plusieurs maisons sont réquisitionnées, l’aménagement des Halles en hôpital, puis les destructions. Il rapporte avec précision et souvent humour ce qu’il a vu, entendu, mais aussi les bouleversements vécus, les solutions pour survivre… Jamais il ne se plaint.

Ce témoignage complet, authentique et émouvant sur la vie d’un enfant au cœur de la guerre est accompagné d’une riche iconographie : aux documents intercalés par l’auteur, on en a ajouté d’autres afin de permettre aux lecteurs d’aujourd’hui de mieux comprendre la vie à Fère-en-Tardenois il y a cent ans, et les blessures que la ville garde toujours. La découverte enfin d’une belle personnalité.