Ce grand bourgeois, qui a exercé diverses charges commerciales, administratives et même politiques, décide à 75 ans de se retirer des affaires pour se consacrer à
l'archéologie.
Archéologue durant la "retraite"
Entre 1873 et 1892, il fait exécuter, autour de sa propriété de Fère-en-Tardenois (Aisne), des fouilles "préhistoriques, gauloises, romaines et franques" qui mettent au jour plusieurs dizaines de milliers de tombes datées du Paléolithique à l'époque mérovingienne. Sa première campagne, "pour l'occupation instructive" de ses enfants, alors en vacances, est l'exploration du dolmen de Caranda (commune de Cierges, Aisne) dont le nom sera repris pour désigner l'ensemble de sa collection. Mais cette "collection Caranda" comprend aussi les vestiges d'une vingtaine d'autres sites de la vallée de l'Ourcq, tels que la villa romaine d'Ancy (commune de Limé) et les nécropoles gallo-romaines et mérovingiennes d'Arcy-Sainte-Restitue, d'Armentières-sur-Ourcq, de Breny, de Chassemy et des Sablonnières à Fère-en-Tardenois.
Ces fouilles, réalisées avec l'aide de quelques personnes, généralement membres de son personnel ou de sa famille, sont accompagnées d'un important travail documentaire, chaque site faisant l'objet d'un procès verbal détaillé.
Un érudit tourné vers le grand public
Dès 1877, Frédéric Moreau se lance dans la rédaction d'un album en dix-huit volumes illustrés de nombreuses planches de couleurs (exécutées par l'archéologue Jules Pilloy) qui représentent les objets grandeurs nature, avec quelques erreurs, cependant.
La "collection Caranda", que son propriétaire conservait pour partie dans sa résidence parisienne et pour partie à Fère-en-Tardenois, est présentée pour la première fois au public lors de l'Exposition universelle de 1889. Elle suscite alors l'intérêt de l'Administration, bien qu'elle ait été exposée sans réel souci de classement par site ou par époque.
Ce n'est toutefois que neuf ans plus tard qu'elle entre au Musée d'Archéologie nationale, en même temps que les vingt-quatre volumes de procès-verbaux. Frédéric Moreau, mort centenaire le 21 octobre 1898, a accepté de la léguer à l'Etat, à la condition que ce dernier paye 20 000 francs pour la restauration du clocher de l'église de Fère-en-Tardenois !
La collection, entrée au Musée en 1899, est alors installée dans une salle au deuxième étage qui porte le nom de son donateur. Henri Hubert, attaché puis conservateur-adjoint du Musée des Antiquités nationales, est chargé de l'étude et de la présentation de la collection, travail considérable qu'il doit accomplir rapidement, pressé à la fois par la famille de Frédéric Moreau et par Salomon Reinach, le directeur du musée.
Il tente de reconstituer, dans une partie des cinquante-deux vitrines, certains des ensembles fouillés, d'après les illustrations des manuscrits et les étiquettes des objets.
La "Salle Moreau" est encore aujourd'hui pratiquement en l'état (présentation similaire à la salle Piette) mais n'est plus ouverte au public depuis la rénovation du musée dans les années 1960.
Source Ministère de la culture, les Grandes Figures.